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Protection Individuelle contre les Chutes de Hauteur : Bien Plus qu’un simple Harnais

Dans le secteur des travaux en hauteur, la sécurité n’est jamais une option. Lorsque les protections collectives comme les garde-corps ou les plateformes élévatrices ne peuvent être mises en place, la protection individuelle devient la ligne de défense vitale pour tout intervenant. Mais que signifie réellement ce terme ?

Souvent réduite à la simple image du harnais, la protection individuelle est en réalité un système complet et interdépendant, où chaque maillon joue un rôle crucial pour garantir la sécurité de l’opérateur. Comprendre ce système, c’est comprendre comment prévenir la chute, et si elle survient, comment l’arrêter dans des conditions qui ne provoquent pas de blessures graves.

En tant que cordistes professionnels, la maîtrise de ce système est au cœur de notre métier. Voici notre guide pour démystifier la protection individuelle et ses composantes essentielles.

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Le Principe Fondamental : La Chaîne d’Assurage

Il faut penser la protection individuelle non pas comme une collection d’équipements, mais comme une « chaîne d’assurage ». Cette chaîne relie l’opérateur à une structure d’accueil fixe et résistante. Si un seul maillon de cette chaîne est défaillant, c’est l’ensemble du système qui s’effondre.

Cette chaîne est systématiquement composée de trois éléments indissociables :

  1. La Préhension du Corps : Le harnais antichute.
  2. La Liaison : La longe, l’antichute mobile, l’enrouleur.
  3. Le Point d’Ancrage : Le point de connexion à la structure.

Les Composants Clés du Système de Protection Individuelle (EPI)

Chaque pièce d’un Équipement de Protection Individuelle (EPI) contre les chutes de hauteur est régie par des normes européennes (EN) strictes qui garantissent sa résistance et sa fiabilité.

1. Le Harnais Antichute (Norme EN 361)

C’est l’interface directe avec le corps de l’opérateur. Son rôle n’est pas seulement de « retenir » la personne, mais surtout de répartir l’onde de choc générée par l’arrêt de la chute sur des zones du corps capables de l’absorber (le bassin, les cuisses, les épaules), tout en maintenant la victime en position semi-verticale après la chute, en attendant les secours.

Un bon harnais doit être :

  • Adapté à la morphologie de l’utilisateur.
  • Correctement ajusté : Ni trop lâche, ni trop serré.
  • Équipé de points d’accrochage clairs : Un point d’accrochage sternal (sur la poitrine) et/ou dorsal (entre les omoplates), identifiés par la lettre « A » (Antichute).

2. Le Système de Liaison Antichute

C’est le maillon qui relie le harnais au point d’ancrage. Il en existe plusieurs types, à choisir selon la situation de travail.

  • La Longe avec Absorbeur d’Énergie (EN 355) : C’est le système le plus courant. La longe (souvent en Y pour permettre de passer des obstacles sans jamais se détacher) est équipée d’un absorbeur. En cas de chute, ce dernier se déchire selon un processus programmé pour dissiper l’énergie et amortir la force de choc ressentie par le corps à moins de 6 kN (environ 600 kg), seuil de lésions corporelles graves.
  • L’Antichute Mobile sur Support d’Assurage (EN 353-1 et EN 353-2) : Utilisé pour la progression le long d’un câble ou d’une corde (ligne de vie verticale), ce dispositif coulisse librement lors des déplacements et se bloque instantanément en cas de chute.
  • L’Antichute à Rappel Automatique ou Enrouleur (EN 360) : Ce système maintient le câble de liaison constamment tendu. Il offre une grande liberté de mouvement dans un périmètre défini et bloque la chute sur une très courte distance, réduisant ainsi la hauteur de chute et la force de choc.

Tous ces systèmes de liaison sont connectés au harnais et à l’ancre via des connecteurs (mousquetons), qui doivent être conformes à la norme EN 362 et dotés d’un système de verrouillage de sécurité (à vis ou automatique).

3. Le Point d’Ancrage (Norme EN 795)

C’est le fondement de toute la chaîne de sécurité. Un harnais et une longe, aussi performants soient-ils, ne valent rien si le point sur lequel ils sont fixés n’est pas fiable. Le point d’ancrage doit être capable de résister à une force d’au moins 12 kN (1,2 tonne).

Il peut s’agir de :

  • Ancrages structurels permanents : Points d’ancrage fixes, lignes de vie (câble ou rail).
  • Ancrages temporaires : Sangles amovibles passées autour d’un élément de structure résistant (poutre, poteau…).

L’identification et la validation d’un bon point d’ancrage sont une compétence clé qui requiert de l’expérience.

Au-delà du Matériel : Les Principes Physiques à Maîtriser

Utiliser un système de protection individuelle exige de comprendre trois notions fondamentales :

  • Le Facteur de Chute : C’est le rapport entre la hauteur de la chute et la longueur de la longe. Il doit toujours être le plus faible possible (inférieur à 1). Pour cela, le point d’ancrage doit être positionné au-dessus de l’opérateur. S’ancrer aux pieds (facteur 2) est une situation extrêmement dangereuse qui génère une force de choc très élevée.
  • La Force de Choc : C’est la force maximale que subit le corps au moment de l’arrêt de la chute. L’objectif de l’absorbeur d’énergie est de la maintenir sous le seuil critique de 6 kN.
  • Le Tirant d’Air : C’est la hauteur libre et dégagée nécessaire sous les pieds de l’opérateur pour qu’en cas de chute, il ne heurte pas le sol ou un obstacle. Ce calcul est crucial et doit prendre en compte la longueur de la longe, le déchirement de l’absorbeur, la taille de l’opérateur et une marge de sécurité. Une erreur sur le tirant d’air rend le système antichute totalement inefficace.

Formation et Vérification : Les Piliers d’une Protection Efficace

Posséder le meilleur matériel ne suffit pas. La protection individuelle n’est efficace que si deux conditions sont remplies :

  1. La Formation : L’utilisateur doit être formé au port et à l’utilisation de ses EPI, à la vérification de leur état avant chaque usage, et aux calculs de base comme le tirant d’air. C’est une obligation légale et une nécessité absolue.
  2. La Vérification Périodique Générale (VGP) : Tous les EPI contre les chutes de hauteur doivent être contrôlés en détail par une personne compétente au minimum tous les 12 mois. Ce contrôle, qui doit être consigné dans le registre de sécurité de l’entreprise, permet de mettre au rebut tout équipement présentant des signes d’usure.

En conclusion, la protection individuelle est un système expert qui ne tolère aucune approximation. Elle exige du matériel normé, une compréhension des principes physiques en jeu et des utilisateurs formés et responsables.

Chez MP CORDES, cette expertise est notre quotidien. Nous ne nous contentons pas d’utiliser ces systèmes ; nous les maîtrisons pour garantir notre sécurité et celle de nos chantiers.

Besoin d’un conseil, d’une installation ou d’une intervention en hauteur qui respecte les règles de l’art en matière de sécurité ? 

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